Charles GOUNOD (1818-1893)

Mireille, opéra de Charles Gounod

Par Benoit van Langenhove  

 

Opéra en trois ou cinq actes.
Livret de Michel Carré d'après le poème de Frédéric Mistral "Mireio".
Création : Version originale en 5 actes, Paris, Théâtre Lyrique, le 19 mars 1864. L'échec de la création conduit Gounod à de nombreuses révisions. La version la plus courante est en 3 actes et a été créée à Paris, Théâtre de l'Opéra-Comique, le 29 novembre 1889.

L'oeuvre

Mireille constitue, aux côtés de Lakmé, Manon ou des Pêcheurs de perles, un fond de répertoire de l’opéra-comique français. L’opéra se déroule en Provence, au milieu du XIXe siècle. L’action dépeint l’histoire d’amour de Mireille, fille d’un riche métayer, pour Vincent, fils d’un pauvre vannier itinérant. Cet amour est contrarié par le père de Mireille, véritable despote familial, et par le bouvier Ourrias, également amoureux de Mireille.

La première représentation de l’ouvrage ne connaît pas le triomphe escompté. Malgré les efforts menés pour réaménager certaines scènes, l’opéra est un échec.

La mort de l’héroïne, en opposition avec l’habitude d'un “happy end”, décontenance le public. Le répertoire lyrique comporte d’autres exemples de relations amoureuses rendues impossibles par la différence de classe sociale. Mais c’est la première fois qu’un opéra traite entièrement ce thème au sein de la hiérarchie paysanne provençale.

Jusque là, les opéras à thème pastoral se limitaient, le plus souvent, à des comédies sentimentales qui finissaient bien. Le dénouement tragique de Mireille trouve ici son origine dans l’amour interdit entre deux personnes d’origine rurale. Cette nouveauté pour la scène lyrique frappa de stupeur les spectateurs de la création.

Pour sauver la mise, tout le monde mit son grain de sel dans des transformations successives de l’opéra, parfois même sans l’accord de Gounod. On réduisit la partition de cinq à trois actes, allant jusqu’à transformer le dénouement en une heureuse union entre Mireille et Vincent mais, rien n’y fit, le public continuait à bouder l’oeuvre. Ce n’est qu’en 1889, lors d’une reprise à l’Opéra-Comique, qu’apparaît véritablement le succès, faisant de Mireille un des piliers du répertoire lyrique.

Oeuvre d’un charme simple et sincère, Mireille utilise de discrètes allusions à la couleur locale (imitation de mélodies populaires, citation du cantique de saint Gen, utilisation, pour l’accompagnement, de la technique du bourdon, orchestration “pastorale” à base de hautbois et cor). Les passages les plus dramatiques restent fidèles au style habituel de l’opéra romantique. Au cœur de l’action, Gounod aime introduire de brèves mélodies pleines de charme et d’imagination comme la célèbre Chanson de Magali (acte 2) ou la Chanson du berger (acte 4). Une des meilleures pages de la partition est sans doute la scène du Désert de la Crau (acte 4) où l’héroïne acquiert une pleine dimension humaine dans l’expression d’une profonde émotion.

 

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La distribution

Mireille, soprano 
Vincent, ténor
Ourrias, baryton
Ramon, basse
Taven, mezzo soprano
Vincinette, soprano
Ambroise, basse
Andrelous mezzo soprano ou ténor
Clemence, soprano
Le Passeur, basse
Un arlésien, baryton
Une voix céleste, soprano

 

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Discographie sélective

Pour connaître la discographie complète de Mireille, cliquez ici

L’enregistrement d’André Cluytens (référence Médiathèque DG6813) a été réalisé à la suite d’une représentation donnée en 1954 aux Baux de Provence, dans le cadre du Festival d’Aix-en-Provence. Le travail du chef d’orchestre atteint une réussite difficilement égalable. La distribution vocale, volontairement composée de jeunes chanteurs au début de leur carrière, est plus disparate. Elle comprend des individualités intéressantes, comme Nicolaï Gedda et Janette Vivalda.

La version de Jules Gressier (DG6812) est extraite des archives de la Radio française. Nous avons droit à une retransmission de concert radiophonique, “désannonce” incluse, avec de larges coupures et orchestre aléatoire. Mais l’affiche comprend une distribution vocale assez proche des valeurs que pouvait offrir l’Opéra-Comique en 1959. D’excellents chanteurs comme Alain Vanzo, Julien Giovanetti et Gabriel Bacquier entouraient vaillamment les débuts d’Andrée Esposito dans le rôle de Mireille.

On ne soulignera jamais assez tout ce que l’opéra français doit au travail et au talent de Michel Plasson. Son enregistrement (DG6815) constitue, avec celui d’André Cluytens, une référence qui s’imposera encore de longues années. Une distribution quasi sans faille, un orchestre imaginatif, coloré : que demander de plus ? Mirella Freni privilégie la force lyrique d’un personnage prêt à braver les éléments. À ses côtés, les colères homériques de Gabriel Bacquier et la grandeur souveraine de José Van Dam complètent à merveille l’affiche.

La version de Cyril Diederich (DG6816) vaut surtout pour la belle prestation de Danielle Borst dans le rôle titre.

Pour connaitre la distribution complète et la disponibilité, cliquez sur la référence Médiathèque.

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Bibliographie

HUEBNER, Steven, Les opéras de Charles Gounod, Actes Sud, 1994
PREVOST, Paul, “Mireille”, Dictionnaire des œuvres de l’art vocal, Bordas, 1991.
ROUBERT, Pierre, Mireille, de Mistral à Gounod, Bulletin de l'Académie du Var, année académique 1994.

Liens

Le site Charles Gounod

Espace culturel du Ministère des Affaires étrangères de France 

Encyclopédie Hachette

Encyclopédie Britannica

 

Représentations dans le monde

 

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